samedi 8 octobre 2022

Revue du Tanka Francophone n°47 - Octobre 2022

 



Haut dans la ramure

vers le soleil prospèrent

les lichens gris vert

leur longévité s'accorde 

à la lenteur des forêts


Françoise Deniaud-Lelièvre (France)

 

Dans la rubrique "Ma Maison le Terre"*, en hommage à la Journée des Arbres.

* (Mouvement poétique international pour la sensibilisation au respect de la nature ; les tankas des auteurs anglophones et italiens ont été traduits par Nadine Léon).


Seringat ployant

sous le vent s'éparpille

un nouveau parfum

si l'aube a mouillé l'herbe

l'enfance renaît en nous


Mon ombre pédale

sur la rousseur des fougères

nez au vent j'avance

sur un brèche du temps

j'ose ce nouveau chemin


Le ciel d'hortensia

aux grignotis d'octobre

s'échancre de rouille

la grisaille au coin du feu

se dissout au fil des mots


L'arbre en silence

accueille nos palabres

au coin de la plage 

survolant nos agapes

l'ombre des mouettes rieuses


Françoise Deniaud-Lelièvre (France)


Dans la rubrique "Tankas de poètes contemporains" :  4 Tankas sélectionnés.


Le bandit masqué

Tanka prose de Françoise Deniaud-Lelièvre (Pays-de-Loire - France)


Dès le matin, à mon réveil, il y a cette flaque sur le mur blanc, au-dessus du rideau de la fenêtre. Une vague feuillue ondule en silence, comme un clin-d'oeil solaire. De temps en temps, le vol furtif d'un oiseau vient animer cette fresque rupestre, de son ombre chinoise.

Il y a le chant du coq. Puis c'est au tour des moineaux d'entonner leurs pépiements. Depuis toujours, ils nichent sous le toit, juste au-dessus de la fenêtre. La circulation des voitures, sur la route départementale, vient hacher leurs gazouillis. Une porte s'ouvre, suivie de bruits de pas sur le gravier. C'est le voisin qui part au travail.

Il y a aussi le sifflement de la cafetière. L'odeur du café. Le bruissement d'une mouche, dans les plis du rideau. Et toujours, le son de la radio, qui me parvient en sourdine.

Il y a parfois, un rai de lumière dans l'attrape-rêve. Ses plumes blanches oscillent avec la brise. Ce capteur provient d'un voyage au Québec, nous l'avions acheté à un Indien micmac.

Cette nuit sous un tipi, me revient en mémoire. Après la traversée d'un lac en canoë, avec Marcel, notre guide, nous étions arrivés sur le lieu du campement. Sous les tipis colorés, nous déroulâmes matelas et duvets. Dans un cercle de pierres, Marcel prépara le feu de bois. Sur les braises rougeoyantes, il posa une marmite, et versa dedans, le contenu d'un bocal de ragoût de castor. Peu à peu, la nuit tomba sur notre campement. Silencieux, nous dégustions ce repas inédit, pour chacun d'entre nous.

Le crépitement du feu illuminait nos visages. Un craquement de branche, un peu plus loin, nous fit tourner la tête vers le coin sombre, d'où venait le bruit.

Enigmatique

sur la branche suspendue

la grosse poubelle

dessous la bandit masqué*

dans le faisceau de ma lampe


* Nom donné au raton laveur


Dans la rubrique Tanka-prose - Kasen






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