Haut dans la ramure
vers le soleil prospèrent
les lichens gris vert
leur longévité s'accorde
à la lenteur des forêts
Françoise Deniaud-Lelièvre (France)
Dans la rubrique "Ma Maison le Terre"*, en hommage à la Journée des Arbres.
* (Mouvement poétique international pour la sensibilisation au respect de la nature ; les tankas des auteurs anglophones et italiens ont été traduits par Nadine Léon).
Seringat ployant
sous le vent s'éparpille
un nouveau parfum
si l'aube a mouillé l'herbe
l'enfance renaît en nous
Mon ombre pédale
sur la rousseur des fougères
nez au vent j'avance
sur un brèche du temps
j'ose ce nouveau chemin
Le ciel d'hortensia
aux grignotis d'octobre
s'échancre de rouille
la grisaille au coin du feu
se dissout au fil des mots
L'arbre en silence
accueille nos palabres
au coin de la plage
survolant nos agapes
l'ombre des mouettes rieuses
Françoise Deniaud-Lelièvre (France)
Dans la rubrique "Tankas de poètes contemporains" : 4 Tankas sélectionnés.
Le bandit masqué
Tanka prose de Françoise Deniaud-Lelièvre (Pays-de-Loire - France)
Dès le matin, à mon réveil, il y a cette flaque sur le mur blanc, au-dessus du rideau de la fenêtre. Une vague feuillue ondule en silence, comme un clin-d'oeil solaire. De temps en temps, le vol furtif d'un oiseau vient animer cette fresque rupestre, de son ombre chinoise.
Il y a le chant du coq. Puis c'est au tour des moineaux d'entonner leurs pépiements. Depuis toujours, ils nichent sous le toit, juste au-dessus de la fenêtre. La circulation des voitures, sur la route départementale, vient hacher leurs gazouillis. Une porte s'ouvre, suivie de bruits de pas sur le gravier. C'est le voisin qui part au travail.
Il y a aussi le sifflement de la cafetière. L'odeur du café. Le bruissement d'une mouche, dans les plis du rideau. Et toujours, le son de la radio, qui me parvient en sourdine.
Il y a parfois, un rai de lumière dans l'attrape-rêve. Ses plumes blanches oscillent avec la brise. Ce capteur provient d'un voyage au Québec, nous l'avions acheté à un Indien micmac.
Cette nuit sous un tipi, me revient en mémoire. Après la traversée d'un lac en canoë, avec Marcel, notre guide, nous étions arrivés sur le lieu du campement. Sous les tipis colorés, nous déroulâmes matelas et duvets. Dans un cercle de pierres, Marcel prépara le feu de bois. Sur les braises rougeoyantes, il posa une marmite, et versa dedans, le contenu d'un bocal de ragoût de castor. Peu à peu, la nuit tomba sur notre campement. Silencieux, nous dégustions ce repas inédit, pour chacun d'entre nous.
Le crépitement du feu illuminait nos visages. Un craquement de branche, un peu plus loin, nous fit tourner la tête vers le coin sombre, d'où venait le bruit.
Enigmatique
sur la branche suspendue
la grosse poubelle
dessous la bandit masqué*
dans le faisceau de ma lampe
* Nom donné au raton laveur
Dans la rubrique Tanka-prose - Kasen
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